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Laura

mardi 10 avril 2012, par Rédaction

Laura

Mardi 10 avril 2012 à 18h00 en salle vidéo du CDI

Genre : Film noir
Réalisateur : Otto Preminger
Date : 1944

avec : Gene Thierney (Laura Hunt), Dana Andrews (Mark McPherson), Clifton Webb (Waldo Lydecker), Vincent Price (Shebley Carpenter). 1h28.

Synopsis

"Je n’oublierai jamais le week-end qui suivit la mort de Laura". Le célèbre éditorialiste new-yorkais, Waldo Lydecker, cynique et sophistiqué commence ainsi son évocation des journées ayant suivi la disparition de sa jeune protégée, Laura Hunt, assassinée dans son appartement par une décharge de chevrotines tirées à bout portant.

L’inspecteur Mark McPherson, un homme frustre et carré, vient l’interroger. On ne peut imaginer personnages plus opposés, et une antipathie immédiate naît entre les deux hommes. McPherson ne cache pas à Lydecker qu’il figure en bonne place sur la liste des suspects. Lydecker s’en déclare flatté et demande à suivre les progrès de l’enquête.

McPherson se rend chez Anne Tredwell, une femme d’un certain âge, ancienne maîtresse de Shelby Carpenter, une sorte de bellâtre qui vivait à ses crochets. Carpenter, amoureux de Laura, avait demandé celle-ci en mariageet Laura, juste avant sa disparition, s’était rendue dans sa maison de campagne pour réfléchir à cette proposition.

McPherson, Lydecker et Carpenter vont ensuite dans l’appartement de Laura où l’inspecteur essaie de reconstituer le meurtre. Laura avait ouvert à un visiteur (ou une visiteuse) qui l’avait abattue à bout portant. Lydecker accuse Carpenter et McPherson doit les séparer.

Plus tard, l’inspecteur et Lydecker dînent au restaurant Montagnino où l’éditorialiste emmenait souvent Laura. Il évoque sa première rencontre avec elle. Dessinatrice publicitaire, elle était venue le relancer pendant son déjeuner au restaurant de l’hôtel Algonquin pour qu’il appose sa signature au bas d’une affiche destinée à vanter les mérites d’un stylo. Il l’avait très mal reçue puis, regrettant son attitude, était allé s’excuser à son bureau, s’offrant même à lui accorder cette signature qu’elle désirait tant. Dans les semaines qui suivirent, ils se revirent beaucoup. Véritable Pygmalion, Lydecker transforma Laura physiquement et moralement. Il lui fit rencontrer des gens importants et l’aida à gravir dans son travail de nombreux échelons. Mais au désespoir de Lydecker, Laura avait la fâcheuse habitude de s’amouracher d’homme à l’allure virile et aux larges épaules, tel le peintre Jacoby qui avait fait son portrait. Lydecker avait démoli son style dans un article cinglant et Jacoby était aussitôt sorti de sa vie. Lydecker avait ensuite essayer de déprécier Carpenter auquel s’intéressait Laura.

Pour les besoins de son enquête, mais aussi par l’effet d’une fascination personnelle, McPherson passe de plus en plus de temps dans l’appartement de Laura, Il s’absorbe dans la lecture de son courrier et de son journal intime. Un soir McPherson boit beaucoup et s ’endort. Soudain Laura apparaît…

Analyse

Se situant à l’intérieur du cadre du film noir, Laura marie deux aspects qui, si la maestria du réalisateur avait été moins grande, auraient pu se nuire et même s’entre-détruire. Laura est en effet à la fois une énigme policière extrêmement originale (où la victime ressuscite au milieu du récit pour devenir alors l’un des principaux suspects) et un drame psychologique, au ton désabusé et pessimiste, sur l’irrémédiable distance qui sépare les êtres. Le premier aspect repose sur une construction dramatique rigoureuse ; le second sur un ensemble d’harmoniques au lyrisme souterrain favorisant un certain flou et ouvrant sur le mystère insondable des cœurs. Preminger utilise à son profit deux des éléments structuraux du film noir le flash-back et commentaire off non pour apporter, comme c’est souvent le cas, un surcroît d’ambiguïté et d’obscurité à l’intrigue mais pour présenter la narration avec un immense recul. Le film et l’évocation de Laura commencent par la phrase célèbre de Lydecker "Je n’oublierai jamais…". Cette évocation qui ne se situe pas dans le temps réel mais dans une sorte d’éternité, ne finira à vrai dire jamais, puisqu’il n’y a pas de retour net au présent et que le narrateur (Lydecker) meurt à la fin. L’intrigue, détachée du temps, est donc pour ainsi dire commentée d’outre-tombe par l’un de ses participants La froideur du ton et l’éloignement infini du personnage narrateur par rapport à ce qu’il raconte, renforce paradoxalement le pathétique, la proximité et le caractère intime de ce qui est montré.

La démultiplication des flash-back permet de présenter le personnage de Laura sous différentes facettes. Lydecker voit Laura dans son évolution et ses métamorphoses successives ; quand il la regarde, c’est un peu son œuvre et lui-même qu’il contemple à travers elle.

Jacques Lourcelles.

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